ce livre a ete revu et corrige pour une lecture numerique
Enveloppé de burnous blancs, encapuchonné, un long chapelet
au cou, Hadj Hamouda, de visage émacié et brun, de traits
réguliers, la barbe grisonnante à peine, poursuit son oeuvre patiente.
Son regard est calme, éteint, et l’ambition y paraît à
peine. Parfois, une ombre de sourire passe sur sa lèvre, quand
lui plaisent la bonne ordonnance d’une page, la grâce d’une vignette.
Il vit de ce travail charmant, en une insouciance heureuse,
en cette boutique qui l’abrite, avec la piété hospitalière de
l’Islam. Après des années, il y reste toujours l’hôte discret, ne se
mêlant pas du mouvement journalier, presque pas même des
conversations.
Parfois, quelque vieux taleb, distingué et poli, aux gestes
graves, vient s’asseoir sur la natte du calligraphe après avoir
baisé son front en signe de respect. De nombreux salam, sans
hâte, puis des discours lents, où passent des choses très vieilles.
Les enfants eux-mêmes n’osent venir jouer devant la boutique,
et la présence de Hadj Hamouda la sanctifie presque.
Aux heures où l’appel plaintif des mouedden plane sur El-
Oued, l’enlumineur se lève, rejette ses burnous sur son épaule,
d’un geste ample et beau, et s’en va à la mosquée des Messaâba.
Entre les dernières maisons du ksar et les premières dunes
qui continuent les coupoles en teintes plus claires, un dôme gris
s’élève, sur des murs bas et effrités, dans un enclos où de jeunes
dattiers tamisent en bleu l’ardeur de la lumière.
Près du puits à hottara2, dont l’armature grince, lourde et
criarde, dans un bassin de plâtre, les fidèles font les ablutions rituelles.
ce livre a ete revu et corrige pour une lecture numerique
Enveloppé de burnous blancs, encapuchonné, un long chapelet
au cou, Hadj Hamouda, de visage émacié et brun, de traits
réguliers, la barbe grisonnante à peine, poursuit son oeuvre patiente.
Son regard est calme, éteint, et l’ambition y paraît à
peine. Parfois, une ombre de sourire passe sur sa lèvre, quand
lui plaisent la bonne ordonnance d’une page, la grâce d’une vignette.
Il vit de ce travail charmant, en une insouciance heureuse,
en cette boutique qui l’abrite, avec la piété hospitalière de
l’Islam. Après des années, il y reste toujours l’hôte discret, ne se
mêlant pas du mouvement journalier, presque pas même des
conversations.
Parfois, quelque vieux taleb, distingué et poli, aux gestes
graves, vient s’asseoir sur la natte du calligraphe après avoir
baisé son front en signe de respect. De nombreux salam, sans
hâte, puis des discours lents, où passent des choses très vieilles.
Les enfants eux-mêmes n’osent venir jouer devant la boutique,
et la présence de Hadj Hamouda la sanctifie presque.
Aux heures où l’appel plaintif des mouedden plane sur El-
Oued, l’enlumineur se lève, rejette ses burnous sur son épaule,
d’un geste ample et beau, et s’en va à la mosquée des Messaâba.
Entre les dernières maisons du ksar et les premières dunes
qui continuent les coupoles en teintes plus claires, un dôme gris
s’élève, sur des murs bas et effrités, dans un enclos où de jeunes
dattiers tamisent en bleu l’ardeur de la lumière.
Près du puits à hottara2, dont l’armature grince, lourde et
criarde, dans un bassin de plâtre, les fidèles font les ablutions rituelles.